17 avril 2007

C'est l'objectif que compte accomplir La Poste d'ici 5 ans. Avec un premier appel d'offres lancé officiellement pour l'acquisition de 500 véhicules électriques, qui seront mis en service d'ici 2008, La Poste lance la plus grosse commande de ce type sur la planète, selon François Loos, ministre délégué à l'industrie, interrogé par l'AFP. La Poste dispose de la première flotte d'entreprise en France avec 60.000 véhicules, 30.000 vélos, 25 avions et 3 TGV !! Depuis 2005, l'entreprise a testé,  à Paris et à Bordeaux, huit voitures électriques Cleanova II, conçues par la Société des véhicules électriques (SVE), filiale commune de Dassault et du carrossier Heuliez. Une expérience jugée "concluante" et qui permet à l'entreprise de réaliser des économies. "L'expérience est concluante, avec une autonomie suffisante et une grande fiabilité", indique le président de La Poste Jean-Paul Bailly: "le véhicule électrique est très bien perçu par les facteurs, en termes de bruit et de stress notamment", "les coûts d'entretien et l'usure sont moins importants, le taux de panne très limité".

Mais de nombreuses embuches attendent encore les potentiels industriels, parmi lesquels l'entreprise Bolloré, qui développe à Quimper une usine de batteries, pourrait être candidat à répondre à l'appel d'offre. Outre le prix, dont le surcout sera en partie assumé par des aides de l'ADEME, l'autonomie est un élément clé de la réussite de cette conversion. sur les 700 véhicules électriques Peugeot testés par La Poste depuis 1996, seuls 100 sont encore en service : ils ne disposaient que d'une autonomie de 30 km.

"Il reste deux inconnues majeures: le coût d'achat ou de location des véhicules et la durée de vie des batteries", relève M. Bailly, revendiquant de vouloir "prendre des risques".

Une voiture électrique étant plus chère que celle à essence, La Poste bénéficiera d'aides publiques: "j'ai demandé que l'Ademe (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie) applique à La Poste son dispositif d'aide à l'achat de voiture électrique destiné aux particuliers, soit 3.200 euros par véhicule", a indiqué M. Loos.

La Poste, qui dépense 70 millions par an en carburant, économisera à l'usage: "d'après nos tests, un plein électrique coûte six fois moins cher qu'un plein de diesel", selon M. Bailly. Elle produira chaque année 2.000 tonnes de CO2 en moins.

"Ce n'est qu'un premier appel d'offres: si la réussite économique et technique se confirme, si une dynamique industrielle se développe pour faire baisser les coûts, notre souhait est de passer d'autres appels d'offres pour avoir à terme une proportion non négligeable de notre flotte en véhicules électriques", affirme M. Bailly.

"Un quart de notre flotte, soit environ 10.000 véhicules électriques, me paraît un objectif raisonnable à horizon de cinq ans", dit-il.

"Cet appel d'offres devrait favoriser l'industrialisation et inciter d'autres entreprises qui ont des flottes importantes à suivre l'initiative, comme EDF (qui en teste déjà) ou France Télécom", espère M. Bailly, rêvant d'un "cercle vertueux": "plus les entreprises suivront, plus l'industrialisation ira vite, plus les coûts baisseront".

"La Poste joue le rôle de précurseur", s'est félicité M. Loos: "c'est à partir de cette expérience que l'on pourra plus facilement généraliser la voiture électrique aux autres flottes d'entreprises et de collectivités", avant de séduire, peut-être, le grand public.

Ce qui dépendra effectivement des prix, de l'autonomie, et de la rude concurrence des modèles à bas prix qui commencent à investir le marché européen en provenance d'Asie.