14 décembre 2006
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Nous sommes sinistrés, pour une fois l'information positive d'ecoloPop se met en berne. Pardonnez nous ce moment de découragement. Car ce drame nous concerne, à plusieurs titres. Dans un pays où la justice déraille, où le pouvoir executif débloque, où la police s'emballe, qui peut garantir un semblant de démocratie ? Chers amis, il vous restera les médias indépendants dont ecolopop est un modeste mais fier représentant. Doublement concernés, nous le sommes : c'est à Plomodiern, à quelques kilomètres de Locronan, épicentre d'ecolopop, qu'est enterré Guillaume Seznec, le plus célèbre innocent de France. Sa tombe est fleurie en permanence depuis plusieurs années. Si l'officielle justice refuse la réhabilitation, c'est tout un peuple qui la lui accorde sans hésitation.

UNE JUSTICE DEVENUE FOLLE : c'est en ces termes que s'exprimait aujourd'hui Denis Le Her Seznec, petit fils du célèbre bagnard condamné pour un crime sans cadavre, sans preuves, il y a de cela 80 ans, alors que Guillaume Seznec disposait d'alibis solides dont la "justice", à l'époque, n'a pas tenu compte. Des rapports scientifiques furent, en leur temps, falsifiés, ce qui fut démontré par de nombreuses enquêtes ultérieures. La cour de cassation, qui devait statuer sur la demande de révision d'un procès en son temps baclé et trafiqué, a refusé, malgré les évidences, de réhabiliter la mémoire d'un mort qui n'a jamais cessé de clamer son innocence. Cet avis intervient à l'encontre de celui de l'avocat général Jean-Yves Launay, qui estimait à l'audience le 5 octobre que le condamné avait été victime d'une machination policière.

C'est un nouveau drame. Ce jeudi 14 décembre, la France a officiellement refusé de reconnaitre une erreur judiciaire. Pour ceux qui n'ont pas suivi l'affaire, retrouvez les détails sur le site de l'Association France Justice. Qui devra maintenant s'appeler France Injustice. Plus que la mémoire d'un homme, c'est un peuple qu'on humilie. Une justice incapable de reconnaitre ses erreurs vient une fois de plus d'en trahir l'âme. Reste à méditer, pour ceux qui restent convaincus de la culpabilité de l'homme, sur l'excellent éditorial consacré à cet épilogue par le journal Libération :

"La justice peut-elle avoir raison seule contre tous ? Oui, si elle a la confiance du peuple au nom duquel elle se prononce. Son drame, c'est qu'à force d'arrogance, d'erreurs et d'absence de doutes, elle l'a perdue cette confiance. Sa décision, du coup, risque d'être mal comprise et d'ajouter à son discrédit quand bien même elle n'a pas à s'en défendre."