11 septembre 2006

Photo-004.jpgAprès cinq années d’expérimentation dans les Alpes-Maritimes, la chambre d’agriculture tire un bilan de sa démarche de la production biologique intégrée. Un agriculteur horticole qui tenta l’expérience, constate aujourd’hui une amélioration de sa production.

" J’ai été agréablement surpris ", témoigne un petit producteur de roses qui s’est mis à la méthode de le production " biologique " intégrée.

Le C.R.E.A.T (centre de recherches économiques et d’actions techniques) de la chambre d’agriculture des Alpes-Maritimes initia et encourage depuis le début des années 1980, l’utilisation de méthodes douces de lutte contre les ennemis des cultures. D’abord avec les cultures maraîchères et l’oléiculture, suivie depuis cinq ans par l’horticulture en serre d’expérimentation. L’utilisation de la P.B.I (Protection Biologique Intégrée) vise quatre objectifs, tout en maintenant la productivité des entreprises :

Proposer une méthode alternative à l’utilisation systématique des produits phytosanitaires (chimiques) ; Faire face à la diminution de ces produits homologués sur les cultures mineures ( comme l’horticulture jugée moins rentable) ; Préserver l’environnement de l’exploitation ; Assurer une garantie pour la santé des consommateurs et des agriculteurs utilisateurs de produits.

Les trois premières années ont été consacrées à valider la stratégie d’une protection intégrée en culture de rosier sous serre en zone méditerranée. Elle requière l’utilisation d’insectes auxiliaires : acariens prédateurs, coccinelles…, contre les insectes ravageurs (faune nuisible aux cultures) : thrips, pucerons, acariens…en limitant les interventions chimiques, tout en tenant comptes des spécificités du climat local. L’objectif étant de rendre la lutte intégrée la plus efficace possible à des coûts comparables à ceux d’une lutte chimique traditionnelle.

Les résultats 2004 démontrent que lorsqu’un vide sanitaire est permis par un arrêt de production l’hiver (nettoyage des serres, taille des rosiers, suppression des bois morts et des feuilles…), une stratégie de P.B.I affinée s’avère plus efficace et plus économique qu’une lutte chimique traditionnelle, sans perte de production (quantitativement et qualitativement). La P.B.I permet de maintenir les populations de thrips et d’acariens à des seuils qui les rendent inoffensifs pour les cultures.

" Un outil supplémentaire "

En 2002, deux professionnels rosiéristes du département, dont Michel Stepanoff, producteur à Saint-Jeannet, ont participé aux premiers essais. L’objectif étant de mettre en situation cette technique. « Au début, j’ai dit pourquoi pas », explique M. Stepanoff. Ce cinquantenaire qui a choisit l’agriculture horticole il y a 25 ans, a tenté l’expérience quand peu d’horticulteurs y croyaient. D’autant plus que l’horticulture, culture pérenne, est moins adaptée à cette méthode. « L’agriculture chimique traditionnelle génère des problèmes insolubles à terme, les produits insecticides et pesticides perdent de leur efficacité et il faut sans cesse augmenter les doses. ». Outre le confort de travail : « je ne suis presque plus exposé à mon traitement phytosanitaire (chimique), le gain de temps est appréciable pour le producteur (20 minutes par rapport à un traitement chimique pour une surface de 1000m2). « Il y a une facilité de mise en œuvre » avec la possibilité de faire le lâcher d’auxiliaires à tout moment de la journée, qu’elles que soient les conditions météorologiques. « Je conçois cette méthode comme un outil supplémentaire », il y a une amélioration de l’efficacité de certains produits chimiques, rendue possible par la diminution des traitements ; Un meilleur respect de la faune auxiliaire indigène dans une atmosphère de la serre assainie. On voit un nouvel équilibre entre ravageurs qui empêche une « explosion des populations » à certaines périodes de l’année, comme pour les acariens et le Thrips : « j’ai vu réapparaître des auxiliaires locaux », poursuit M Stepanoff, « cela a été flagrant lors de la canicule de l’été 2003, une invasion d’araignées rouges a détruit en grande partie les productions de mes confrères tout en m’épargnant. Peu à peu, cette méthode rentre dans les mœurs après les réticences du départ ».

La production intégrée apparaît comme une alternative à l’emploi massif de produits chimique. Les petits producteurs qui l’ont essayée, eux, y croient.