4 septembre 2006

Dans une interview au journal le Monde, Peter Schwartz, membre de GBN (Global Business Network, San Francisco), groupe de prospective (think tank), annonce un perspective effrayante : il est évident que l'or noir du futur ne sera ni l'hydrogène (utopique), ni le nucléaire (trop dangereux, en voie d'épuisement à moyen terme), ni le pétrole (en voie d'épuisement à court terme), ni le biocarburant (pas assez d'hectares)... Le roi du 21e siècle sera notre vieil ami le charbon. Vous avez bien lu : il va falloir ressortir mouchoirs et masques à gaz. Mauvaise nouvelle pour la planète ?

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photo : mine ouverte de Garzweiler 2 (Allemagne de L'ouest).
On distingue à l'horizon la centrale thermique associée

Car les chiffres sont imparables. "La demande mondiale d'électricité connaît une croissance exponentielle : en 2030, elle aura progressé de 60 %. [...] Nous ne pourrons pas répondre aux besoins mondiaux en électricité sans un recours massif au charbon".

On pourrait, une fois de plus, douter d'un nouveau prophète de l'apocalypse : combien de fois statisticiens et gourous se sont-ils trompés, terminant dans l'oubli une fructueuse carrière de nouvelles les plus effrayantes les unes que les autres ? Mais cette fois-ci il ne s'agit pas d'avenir. Le passage au charbon s'est déjà produit dans les pays asiatiques : la plupart des nouveaux projets de centrale thermique prévoient d'utiliser cette source d'énergie fossile qui est l'une des polluantes, autant en matière d'émissions de CO2 que d'implications sanitaires. "La quasi-totalité des projets des vingt-cinq prochaines années concerne des centrales à charbon : d'ici à 2010, de nouvelles capacités de 220 gigawatts vont être construites, puis de 500 gigawatts entre 2011 et 2020, et encore de 670 entre 2020 et 2030. Les deux tiers seront localisées dans les pays émergents, dont la Chine et l'Inde."

D'ailleurs, même sans parler de projets, en matière de charbon, nous sommes déjà dans le futur. Ce carburant domine en effet la production d'électricité mondiale : (39 % en 2004), devant le gaz naturel (20 %), l'hydraulique (16 %), le nucléaire (16 %), le pétrole (7 %), les énergies renouvelables hors hydraulique (2 %).

Le problème de l'avenir du protocole de Kyoto, qui cristallise les efforts en matière de lutte contre les émissions de CO2, est donc posé. Les technologies, souvent invoquées avec excès en réponse aux problématiques énergétiques, résoudront - elles l'épineux problème des émissions conséquentes à la combustion du charbon ?

Le ton est donné. Scientifiques, chercheurs, écologistes, à vos éprouvettes : au lieu de chercher d'incroyables et hypothétiques sources d'énergie nouvelle, un objectif impératif se pointe. Les indiens et chinois ne nous demanderons pas notre avis : ils bruleront leur charbon (plusieurs centaines d'années de réserves). C'est à nous, riches occidentaux à la technologie florissante, de montrer la voie. Nous avons les moyens, ici, d'organiser la recherche pour "inventer" une combustion la plus propre possible des produits à base de charbon. L'urgence est là, car nous sommes confrontés ici à ce qui ressemble fort à l'une des seules certitudes des décennies à venir.