2 août 2006

royal-canin.jpgLa favorite des sondages est en couverture de la première édition de Ikono, nouveau magazine bimensuel dédié à l'image, aux cotés de Zidane, Marie de Villepin, Brigitte Bardot. Elle s'est prêtée à une séance photo spéciale, réalisée par le photographe naturaliste Yann Arthus Bertrand, célèbre pour ses clichés de la terre vue du ciel. Le concept : "l'environnement, une question de survie". Au delà de la performance esthétique, Ségolène (fardée de son habituel maquillage pas du tout bio) s'exprimait sur sa vision de l'écologie politique, ses projets pour le futur quinquennat qu'elle vise. Depuis, celle qui fut ministre de l'environnement du gouvernement Beregovoy (92/93) a développé le sujet par plusieurs interventions très ciblées. Souhaitons que cette soudaine mise en lumière des questions d'environnement dans la campagne présidentielle perdure au delà de la médiatique intervention de Nicolas Hulot.

C'est la semaine de l'environnement pour Ségolène Royal. Il faut avouer qu'elle fait preuve d'une remarquable maîtrise des questions environnementales, étonnante de la part d'une énarque issue de l'un des grands partis politiques français qui malgré les effets d'annonces est resté tout au long de la 5e république l'une des branches les plus conservatrices de la politique hexagonale. Malgré un discours aseptisé et politiquement correct comme il se doit, on arrive à extraire quelques paroles pleines de bon sens de l'interview de Ikono : "Il faut préparer, dès maintenant, l'après pétrole, je reviens de Suède [...] Imaginez qu'en France, onest encore à construire des incinérateurs [...] Il faut sortir d'une agriculture subventionnée sur des critères de productivité [...] On subventionne avec nos impôts la dégradation de l'environnement [...]". Vendredi dernier, Ségolène récidivait, s'adressant à une frange plutôt active de la population littorale, les marins pêcheurs, proposant "une action expérimentale sur les biocarburants". La présidente de la région Poitou-Charentes propose ainsi de financer la mise au point expérimentale de moteurs de bateaux alimentés par des biocarburants ainsi que les actions permettant son application. Elle peut ainsi s'en prendre, à juste titre, au gouvernement actuel, qui, selon elle, "fait preuve de lenteur à cause de problèmes de fiscalité écologique" : elle a estimé qu'on "ne peut plus tenir un discours sur l'effet de serre et le réchauffement de la planète sans agir pour les enrayer".
Jusqu'ici, tout va bien, impossible de la contredire sur ce point. Tout semble donc parfait, voilà un début de campagne prometteur. On pourrait se plaindre d'un défaut de radicalité dans le discours : il semble que l'intervention de Nicolas Hulot, dimanche dernier, pousse la candidate à surenchérir. Elle n'a pas attendu et devient intarrissable sur le sujet. Une tribune publiée dans l'édition du Monde du 2 aout 2006 pousse un peu plus loin dans la bonne direction : " Ces perturbations du climat planétaire sont de plus en plus évidentes et le fait que notre consommation excessive d'énergies fossiles [...] Personne ne pourra dire que l'on ne savait pas [...] l'immobilisme gouvernemental depuis cette date et dénoncer les incohérences des politiques publiques mises en oeuvre par les gouvernements Raffarin et Villepin, qu'on pourrait aisément qualifier en la circonstance de pompiers pyromanes [...] Il serait grand temps d'engager les changements radicaux qui s'imposent [...] Bientôt il sera trop tard !".

On peut difficilement en demander plus ! En attendant les actes, faisons confiance aux paroles et encourageons cette surenchère pour la planète.
Pays, paysans, paysages de Ségolène Royal (Editions Robert Laffont)

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