20 avril 2006

80 millions, c'est le montant alloué à ce nouveau fonds d'investissement, constitué par Crédit Agricole S.A., qui sera   dédié au capital des entreprises du secteur des énergies renouvelables (hydraulique, éolien, photovoltaïque, solaire thermique, biomasse ;..), mais également au soutien de projets spécifiques telles les fermes éoliennes ou des centrales de biomasse. Suivant l'exemple de la Banque Populaire, le Crédit Agricole vient de lancer une gamme de 12 produits en faveur de l’environnement. L’offre se décompose en trois grandes catégories : des prêts spécifiques pour les économies d’énergie et les énergies renouvelables : pour les particuliers, prêt adossé à un Compte Epargne Logement (« option CEL environnement ») aux mêmes conditions (taux, durée, montant) et « prêt énergies renouvelables » ; pour les entreprises et agriculteurs, « prêt environnement » ; un produit rajeuni d’investissement socialement responsable, avec une pondération environnementale plus forte ; le fonds de 80 millions d’euros pour investir en fonds propres au capital des entreprises du secteur des énergies renouvelables.

Sébastien Godinot des Amis de la Terre analyse : « Il est significatif que le plus grand groupe bancaire français se lance enfin sur ce secteur, avec une offre assez globale en terme de produits et de clientèles. C’est une évolution très positive, au moment où les énergies renouvelables et les économies d’énergie rencontrent un véritable plébiscite auprès des citoyens français, et où l’Etat rechigne envers et contre tout à soutenir massivement ces deux secteurs très créateurs d’emploi. »

Il poursuit : « Cependant, tout dépendra de la volonté du groupe à mettre en avant cette offre et en expliquer l’utilité, à la fois en interne et auprès de ses clients. La preuve par l’expérience existe déjà : la Caisse régionale des Savoie a déjà lancé un prêt pour le chauffe-eau solaire individuel début 2006, et c’est déjà un succès. Le fonds d’investissement dans le secteur des énergies renouvelables est également une avancée, mais le montant avancé reste marginal au regard des 3,5 milliards d’euros de bénéfice du groupe en 2005 : nous demandons à ce que les sommes disponibles soient progressivement très largement augmentées. »

D’autre part, le Crédit Agricole est impliqué dans de nombreux projets énergétiques extrêmement controversés sur toute la planète : ainsi l’oléoduc Tchad-Cameroun dont la Banque mondiale vient de geler le financement, l’oléoduc Baku-Tbilissi-Ceyhan en mer Caspienne où une nouvelle plainte a été déposée, les financements pétroliers massifs en Angola, un des pays les plus corrompus du monde, ou encore le barrage hydroélectrique géant de Nam Theun 2 au Laos qui connaît déjà des retards dans ses programmes environnementaux et sociaux.

Sébastien Godinot évalue : « Un seul projet comme Sonangol en Angola (2,25 milliards $) représente des sommes presque dix fois supérieures à tout ce que fait aujourd’hui le Crédit Agricole en matière d’efficacité énergétique et d’énergies renouvelables (quelques centaines de millions d’euros). Le Crédit Agricole doit développer une politique environnementale et sociale exigeante et cohérente en matière d’énergie et de changement climatique, ce dont elle ne dispose pas aujourd’hui. »

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