25 septembre 2005

Manifeste contre la pauvreté de Martin Hirsch (Editions Oh ! éditions)Pour trouver des interlocuteurs compétents et lucides en matière de témoignages sur la pauvreté en France, c’est bien à la Fondation Emmaüs qu’il faut s’adresser. Instituée par l’Abbé Pierre suite à son appel de février 1954, la Fondation renouvelle son appel 50 ans plus tard, c’était il y a un an, en Février 2004, non sans raisons bien évidemment. Le Manifeste Contre la Pauvreté, livret de 170 pages publié en Janvier 2005, prolonge cet appel pour inciter chacun à passer à l’action, à sa manière. Rendez vous en 2054, avec l’espoir entretenu sur un postulat bien clair : l’état et la solidarité publique ne peuvent pas régler tous les problèmes, c’est toute une structure sociale qu’il faut redéfinir, et cela commence dans les comportements de chaque homme et femme qui souhaite participer à la reconstruction du lien social, seul barrage à la destruction sauvage de la vie de millions de nos contemporains.

Acheter ce manifeste est déjà un premier pas. Passer à l’action, ensuite, comment et pourquoi ? Le Manifeste contre la Pauvreté débute par une analyse cruelle de la société Française : en 2004, plus de 5 millions de personnes en France vivent dans la pauvreté (1,6 millions de ménages sous le seuil de pauvreté). Ce qui donne en gros une personne sur 10 ! De 1954 à 2004, le Manifeste décrit la progression de la pauvreté et son insinuation à tous les niveaux y compris dans les vies de millions de travailleurs précaires, c’est à dire endettés ou mal logés tout en étant salariés. En 1954, le pays sortait de la guerre et sortait d’une lutte pour sa survie. En 2004, c’est une autre histoire : la France est l’un des pays les plus riches de la planète. Etrange et cruel paradoxe !

Sans être naïf – Martin Hirsch accorde à l’état Français ce qui lui revient : la redistribution sociale fonctionne bien, les retraités sont mieux dotés en 2004 qu’en 1954 grâce au système de retraite et la sécurité sociale remplit son rôle en assurant à chaque citoyen un accès au soin. Mais la pauvreté est toujours présente, et l’état ne peut à lui seul résoudre un problème qui s’étend à l’économie et à l’organisation globale d’une société dans laquelle les situations de crise se comptent par millions. Contre toutes ces tares, le Manifeste propose des solutions et donne à chacun à son niveau des pistes pour agir, comme l’organisation de Banques du Temps Solidaire qui favorisent l’engagement de bénévoles. En France comme ailleurs dans le monde, et c’est l’une des forces de la Fondation que d’être internationnale, de graves questions se posent sous la forme d’inégalités violentes, s’accroissant. C’est donc là un ouvrage de référence autant en matière de statistiques et d’exemples concrets que de moyens tout aussi concrets pour garder l’espoir que dans 50 ans, l’appel de Février 2004 ne soit pas resté lettre morte.

Manifeste contre la pauvreté de Martin Hirsch (Editions Oh ! éditions)